La Love Parade de Duisbourg, le dimanche 25 juillet 2010 devait être une fête. Ce sera un drame. 21 personnes trouveront la mort et plus de 500 seront blessées. Cet événement tragique fera la Une des quotidiens allemands pendant pratiquement une semaine. L’occasion de regarder les quotidiens allemands, dans un pays où la diversité de la presse est une réalité, où se côtoient tabloïds et « journaux de référence », où « le poids des mots, le choc des photos » n’est pas un slogan publicitaire mais une rude réalité.
C’est un tunnel de 200 mètres de long et de 30 mètres de large. Un tunnel gris éclairé de néons blafards. Mais le dimanche 25 juillet, il était envahi d’une foule joyeuse. Ce tunnel était le passage obligé pour atteindre le lieu de la Love Parade de Duisbourg. Que s’est-il passé ? L’enquête est encore en cours. Peut-être réussira-t-elle à démêler l’écheveau des responsabilités et à préciser les circonstances précises d’un drame qui a touché profondément les Allemands. Il a été vécu comme une catastrophe nationale. D’ailleurs, la cérémonie œcuménique d’hommage aux 21 victimes a réuni le président de la République, Christian Wulff et la Chancelière, Angela Merkel.
Le lendemain du drame, la totalité des quotidiens consacraient leur Une à ce drame. Il m’a paru intéressant d’examiner la manière dont le sujet était traité sur le plan rédactionnel et iconographique, mais aussi d’en voir l’évolution dans la durée. Il est frappant par exemple de constater que nombre de journaux tourne très vite la page de ce faits-divers, qui ne génère sans doute pas suffisamment de rebondissements.
Le résultat est dans le slideshare ci-dessous. J’ai choisi de me concentrer sur 3 journées: les lundi et mardi qui ont suivi la Love Parade et le dimanche suivant. Il me semblait en effet important d’analyser la façon dont les quotidiens du dimanche 1e août rendaient compte de la journée d’hommage qui s’était déroulée la veille.
[MAJ du 2 août 2010] La Frankfurter Allegemeine Zeitung (FAZ) revient dans un article au vitriol, sur la prétention de la presse à « prévoir » les catastrophes. Dans, Die einziger Blick in die Zukunft hätte doch gezeigt… [Littéralement: Un regard sur le futur aurait montré que…], Stefan Niggemeir remarque que les médias n’avaient guère creusé la question de la sécurité, et perfide ajoute que la WestDeustcheRundfunk (WDR, la chaîne de télévision régionale) et Bild.de étaient partenaires de l’organisation de la Love Parade. Il dénonce enfin le traitement « condescendant » qu’a réalisé Spiegel TV sur les événements [voir ici]. Dans ces reportages expliquent-ils « Seuls les visages ont été ‘gommés‘, mais ils montrent tout: Nous voyons les efforts désespérés pour réanimer les gens sur place, l’encombrement de la salle d’urgence, où selon le Spiegel TV, la présence de [trop] de personnes semble décourager les médecins de travailler. »
Nota : l’idée de cette étude m’est venue à la lecture de l’article de Stefan Winterbauer « Beschwerden gegen Bild wegen Loveparade » [Plaintes contre Bild à la suite de la Loveparade] publié sur le site allemand Meedia. Elle n’a été rendue possible que parce que ce site archive les Unes des quotidiens allemands [voir ici]. j’ai aussi puisé sur le site américain Newseum qui affiche de nombreuses Unes des quotidiens du monde entier.