La fin de JPG serait une mauvaise nouvelle, bien sûr car ce serait la fin d’un journal. Mais surtout cela signerait l’échec d’un modèle économique original, dont les ressorts sont à la fois traditionnels, avec l’édition d’un magazine papier, et originaux, car JPG est aussi un site web participatif.
Chaque numéro est a labor of love
Car c’est une histoire très web 2.0, que raconte sur son blog le fondateur de JPG, Derek Powazek : « En septembre 2004, nous nous promenions, Heather [son épouse] et moi dans le Buena Vista Park et avons commencé à rêver un projet communautaire ». L’idée : utiliser toutes les photos formidables qu’ils voyaient sur le web pour créer un magazine photo papier. En quelques semaines un site est créé, avec l’aide d’outils gratuits (adresses gmail, flickr pour les discussions et lulu.com pour l’impression). Un ami se joint au couple, Paul Cloutier, pour développer le site de manière plus sérieuse.
6 numéros seront publiés en 2 ans. « Chacun, dit D. Powazek, étant un travail de passion [a labor of love] de notre part mais surtout de celle des milliers de photographes qui proposèrent leur travail uniquement avec la volonté altruiste de participer ».
Un travail collectif est supérieur à celui de n’importe quel expert
L’idée sera alors d’ouvrir le processus collaboratif à la fabrication du magazine proprement dit. C’est alors [nous sommes en 2006], que rentre dans le jeu Hasley Minor (photo ci-contre). Fondateur de CNET.com, un site spécialisé sur les technologies [propriété aujourd’hui de CBS], il est derrière un certain nombre de success stories, comme Grand Central, une application de téléphonie, revendue à Google et a créé une société de capital-risque Minor Venture. Il est par ailleurs persuadé qu’un travail collectif, est largement supérieur à celui de n’importe quel expert. (cité par le NYT)
Avec ce nouveau partenaire, le jeu change de dimension. Une société commune est créée 8020publishing un nom basé sur le ratio classique du web : 80% des visiteurs sont des lurkers, c’est-à-dire qu’ils sont passifs, tandis que 20% interviennent d’une manière ou d’une autre [nota: il existe aussi un autre ratio, 89-10-1, pour 89% de passifs, 10% qui notent, partagent… et 1% de contributeurs réels]. C’est aussi le début d’une aventure différente qui se traduit par l’éviction du couple de fondateurs.
Hasley Minor pense que les magazines papier peuvent être rentables
Cela dit, les bases restent les mêmes, mais il se produit une inflexion car H. Minor pense que le papier reste rentable. Schématiquement, JPG est dès lors organisé de la manière suivante :
• un magazine payant (6 numéros par an) fabriqué par une équipe très légère d’une dizaine de personnes. Il comptait selon le New York Times 18 000 abonnés et diffusait au total environ 50 000 exemplaires par numéro.
Dans les deux médias, une attention particulière est portée à la publicité : pas de pop-up agressifs pour le site, tandis que les pages de publicité sont concentrées dans la première partie du magazine.
La faute à la crise économique ?
C’est ce modèle « révolutionnaire d’un nouveau média hybride qui réunit le meilleur du web et du magazine », comme le proclame fièrement la page d’accueil de 8020media.com [la société qui coiffe JPG] qui est remis en cause, emporté qu’il serait, selon son Pdg, Michael Fox, par la crise économique actuelle. Peut-être, mais le groupe avait déjà du fermer en août 2008, Ewerywhere, un magazine de tourisme fondé sur les mêmes principes que JPG.
• Un site spécial Save JPG a été mis en place « pour essayer de sauver JPG sous quelque forme que ce soit ».