[the] media trend

GlobalPost.com : La naissance d'une agence mondiale de reportage

A priori, l’idée est folle : créer une agence internationale d’information, implantée dans cinquante pays. Et ce alors que tous les journaux réduisent leur couverture internationale. Pourtant, le projet GlobalPost.com est le fruit de la réflexion —et de l’envie— de solides journalistes professionnels, et le projet semble économiquement jouable. Le 12 janvier 2009, le site sera ouvert au grand public.


Que faire avec 25 millions de dollars, la somme que vient de lever le Huffington Post ? Se développer. Pour cela, à contre-courant de la tendance majoritaire dans la presse américaine actuellement, ses responsables n’ont pas hésité à créer une section World (Monde). Pour l’alimenter, ils ont cherché des contributeurs, avec ce mélange de people et de professionnalisme, qui fait le charme de ce site. On y trouve donc dans la rubrique World côte à côte le sénateur (et ancien candidat démocrate à la présidentielle) John Kerry, la reine Noor de Jordanie et GlobalPost.com, dont Charlie Sennott est l’un des co-fondateurs.

Il y avait place pour une agence de reportages internationaux
Longtemps correspondant à l’étranger pour le Boston Globe, il appris à son retour que son journal allait fermer tous ses bureaux à l’étranger. Une décision qui s’inscrit dans un mouvement plus général. En effet, l’ensemble des journaux américains se désengage de la couverture de l’information internationale jugée trop coûteuse et insuffisamment rentable.  
De ce renoncement collectif est née l’idée de GlobalPost, Charlie Sennott estimant inconcevable que l’international soit absent, ou soit laissé aux seuls bons soins d’Associated Press. Il y avait place, a-t-il estimé pour une agence de reportage, réalisés par des journalistes américains pour un public américain (ou a minima anglophone).
Une organisation légère et rigoureuse
L’organisation de la nouvelle agence se veut rigoureuse. Une rédaction, installée à Boston, compte 7 rédacteurs en chef et 7 journalistes économiques. Cette rédaction en chef sera chargée d’éditer soigneusement les articles qui lui seront envoyés avant publication. Un point auquel tient particulièrement Charlie Sennott, pour qui grand reportage rime avec bonne édition.
Autour de ce noyau travaillera un réseau de 70 journalistes pigistes. Une petite cinquantaine a été recrutée à ce jour selon des critères précis : ces correspondants doivent travailler pour d’autres supports (ou sur d’autres projets) et habiter le pays qu’ils couvrent depuis au moins 3 ans. Ils devront fournir chaque mois plusieurs articles de 600 à 800 mots (3500 à 5000 signes) pour alimenter le site et tenir un blog. De manière complémentaire, GlobalPost s’appuiera aussi sur les « meilleurs » blogueurs des pays couverts et les réseaux sociaux.
Une base de 1000 dollars par mois pour les correspondants
Le modèle économique (l’agence devrait être rentable d’ici 3 ans) repose sur une structure extrêmement légère : peu de frais fixes et une grande flexibilité. Par exemple, le nombre de pigistes dans un pays pouvant aisément être augmenté en fonction de l’actualité à couvrir. Les journalistes seront rémunérés, selon Forbes, sur une base de 1 000 dollars par mois (800 euros environ), cette rémunération étant garantie pendant 5 ans; il faut ajouter à cela une forme de participation. 
La viabilité n’est envisageable que parce l’économie du projet est basée sur le web, et donc sans les frais inhérents au « papier », comme l’imprimerie, la distribution, les invendus, etc. 
Côté rentrée, deux ressources sont envisagées :
• la publicité liée au site lui-même, les fondateurs espérant 600 000 visiteurs uniques par mois;
• la revente de sujets aux journaux et aux sites américains, par exemple le Huffington Post.
Cela suffira-t-il ? Réponse à partir du 12 janvier 2009, lorsque sera lancé officiellement le site. 

La naissance d’une idée

Charlie Sennott, co-fondateur de GlobalPost.com, présente la genèse du projet lors du New Business Models for News Summit, à New York, en octobre 2008 (anglais).  

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