Le chiffre m’a paru tellement incroyablement faible, que j’ai du relire trois fois l’ensemble des données. Pourtant, il semble bien que l’analyse faite par le Nieman Journalisme Lab des statistiques de la consommation de web par les internautes américains en juin soit la bonne: avec moins de 1% de l’audience, les sites de presse sont désormais « à peine sur l’écran du radar ».
Les chiffres semblent flatteurs au premier abord et d’ailleurs sur le site de la Newspaper Association of America le titre est accrocheur : « Les sites des journaux ont attiré plus de 70 millions de visiteurs en juin » [2009]. Et d’enchaîner, « plus d’un tiers de l’ensemble des internautes a visité un site de presse ».
Las, autant la première affirmation ne saurait souffrir la moindre discussion, autant la seconde est sujette à caution. Voici, les données recueillies et analysées par Nielsen, et telles que la NAA les publie sur son site:
A priori, tout semble correct, mais lorsque l’on remet en perspective ces chiffres avec d’autres séries plus générales publiés par le même institut Nielsen sur le même mois de juin [à partir du mois de juin 2009, Nielsen a changé son mode de calcul, ce qui empêche la comparaison avec les séries précédentes], il y a beaucoup moins de raisons de se réjouir.
Au NiemanJournalismLab, on a sorti la calculette et voilà ce que cela donne:
• Le total de «Active Media Digital Universe » (par cette expression Nielsen définit le total de visiteurs uniques aux États-Unis en ligne au cours du mois, au domicile et au travail): 195.974.309
• Sur ce total, 70.340.277, soit 35,89 % ont visité un site de presse (à rebours, cela signifie que 64% d’entre eux ont obtenu leurs informations ailleurs.)
• Le visiteur « moyen » de l’Active Digital Media Univers a visité 2.569 pages web. Au total, cela fait donc 503.457.999.821 pages vues.
• Sur ces 503 milliards de page vues, 3.468.549.698 (3,5 milliards) sont allés sur des sites de presse. C’est moins de 1 pour cent de toutes les pages, 0,69 pour cent pour être exact.
• Nielsen explique que la « durée » d’une page vue (dans cet ensemble de 503 milliards ) n’est que de 57 secondes. Cela se rapporte aux 7.971.418.330 heures consacrées à la lecture en ligne [pour le seul mois de juin] soit 40 heures, 40 minutes et 33 secondes par personne.
• Sur ces 7,9 milliards d’heures passées en ligne, le temps passé sur un site de presse a été de 45.022.485 heures. C’est-à-dire moins de 1 pour cent de l’ensemble du temps passé [par les internautes en ligne,] plus précisément 0,56 pour cent.
Cruellement, l’auteur du post souligne que selon cette même enquête, le temps moyen passé par les internautes sur d’autres sites est incroyablement plus longue. Par exemple, un internaute américain moyen a passé 4 heures et 39 minutes, sur le seul site Facebook, contre 38 minutes seulement pour l’ensemble des sites de presse.