[the] media trend

La fausse transparence des réseaux sociaux

Page d'accueil du site de Joyce DierschkeSur son blog MarcCompass, Joyce Dierschke raconte l’anecdote suivante: elle avait trouvé une vidéo amusante sur YouTube et s’apprêtait à la poster sur sa page Facebook. En un clic le tour était joué [YouTube propose de multiples moyens de partage de vidéo notamment avec Facebook]. Mais elle ne cliquera pas car cela aurait « une mauvaise idée ». 

En fait, Joyce Dierschke s’était rappelée tout à coup que son réseau Facebook comptait certes sa famille et ses amis, mais aussi des collègues de travail et des clients. Et écrit-elle, « j’aurai aimé partager cette vidéo avec la majorité de mes amis, mais j’ai commencé à penser aux clients qui faisaient aussi partie de mes amis« .

La transparence est un postulat de base
La question posée par J. Dierschke est importante, car la transparence est présentée comme un postulat de base pour les réseaux sociaux, qu’il s’agisse de Facebook, LikedIn, Viadeo, Plaxo et autres twitter. Mais l’utilisateur doit-il pour autant y poster tout ce qui lui passe sous la main, dès lors qu’il n’y a pas de filtres, où du moins de filtres efficients  ? [lire Comment protéger sa vie privée sur Internet?] 

Cette interrogation n’est pas anecdotique si l’on considère que le contenu des réseaux sociaux est devenu une ressource imprtante d’information. Par exemple, twitter est de plus en plus utilisé comme outil de recherche, comme le remarque Chris Copeland, dans un post titré « L’avenir de la recherche: Twitter est-il l’élu? » [The Future Of Search: Is Twitter The Chosen One?].

Comment mesurer la qualité de l’information sur twitter ou Facebook
Problème: à ce jour [à ma connaissance, en tout cas], il n’existe pas d’étude sur la qualité de l’information fournie par les réseaux sociaux, et twitter en particulier, si ce n’est des analyses à chaud effectuées lors d’événements comme les attentats de Mumbai. La qualité des informations diffusées à ces occasions, et reprises par les grands médias, avait été alors fortement discutée [lire par exemple : Attentats de Bombay: « citizens journalists » plus commentateurs que reporters ou analystes, sur Journalistiques].

Mais la question soulevée par J. Dierschke est plus large et renvoie à la mutation profonde que connaît l’information aujourd’hui. Alors que la crédibilité des médias traditionnels est largement ébréchée, cette forme moderne du « bouche-à-oreille » que sont les réseaux sociaux à tendance à se substituer à ceux-ci comme une source d’information. En effet,  il s’agit de l’information fournie, choisie, par ses amis, connaissances ou relations, dans un cadre relativement intime —son résea. Cela génère automatiquement une forme de confiance. 

Des conséquences sur le plan politique
Ceci a des conséquences importantes notamment sur le plan politique comme l’explique Andrej Rasiej, fondateur du site Personal Democracy Forum, dans une interview* :

« Les opinions politiques se forgent dans notre pays [les États-Unis] par le fait que les gens discutent entre eux et qu’ils le font dans les endroits les plus banals, comme autour de la table du dîner, au distributeur d’eau fraîche (…) Lors de ces élections [présidentielles de 2008], ces conversations ont eu lieu non seulement dans ces lieux traditionnels mais aussi online (…) Avec les nouvelles technologies médiatiques, les gens ne font pas que recevoir l’information, mais ils peuvent aussi la modifier, voire la créer. » 

Nous sommes loin de l’auto-censure? Non: Joyce Dierschke n’a pas posté sa vidéo sur Facebook, car elle ne voulait pas que ses clients connaissent ses opinions politiques… 

• Notes
* Publiée dans le cadre l’édition 2009 du rapport Media Myths et  Realities, réalisé conjointement par le département Communication de l’Université d’Annenberg et le groupe Kechum.

• Point de départ : socialmediatoday

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