Associated Press, la grande agence américaine, est en train de se réorganiser à toute allure face à la nouvelle donne de l’information. Dernière innovation en date, la mise en place (effective le 1er octobre 2008) d’une Marketplace, à laquelle 500 journaux américains ont adhéré.
AP est actuellement pris dans une véritable course contre la montre. L’agence, qui fonctionne selon un mode coopératif et qui est la propriété de 1500 journaux américains, est soumise à une double pression:
• d’un côté, de nouveaux concurrents se dressent face à elle comme Politico.com, un site fondé en 2007 par d’anciens journalistes du Washington Post, qui entend se spécialiser dans la politique. Pour se diversifier le site, ses créateurs ont créé un journal et distribué à 25 000 exemplaires (qui génère plus des 2/3 des revenus du site) et surtout il prépare un syndication avec 25 autres sites. « L’idée, explique paidContent.org, est de faire de Politico une sorte d’agence couvrant Washington DC », des journaux n’ayant plus les moyens de le faire, en raison des coupes sombres dans les effectifs de leur rédaction.
• de l’autre, des journaux quittent l’agence. Celle-ci explique que le taux de demandes de désabonnement (il faut 2 ans pour qu’une demande devienne effective) qui était autour de 4% de ses abonnés ces vingt dernières années a pratiquement doublé, puisqu’il est passé à 7%.
Les raisons de cette désertion sont clairement expliquées par Steven A. Smith, le rédacteur en chef de SpokesmanReview, un quotidien de l’Idaho, dans un post adressé à Jim Romenesko, sur le site du Poynter Institute. Il explique, qu’il a préféré sauver des emplois dans son journal, plutôt que de continuer à payer un abonnement à AP, ce qui lui permettait de maintenir un bonne qualité d’information locale.
Il ajoute qu’il existe maintenant « des options moins coûteuses et meilleures qu’Associated Press ». Et il liste la politique, les questions nationales et régionales, les sports, les informations financières…
Un service gratuit pour les journaux abonnés
Pour faire face à ces menaces, l’agence a donc réagi en créant une Marketplace (une place de marché) à laquelle 500 journaux ont déjà adhéré, 53 dans l’État de l’Ohio, 45 en Pennsylvanie, 26 au Texas, etc.
L’idée est de partager l’information (textes, photos, infographies) entre les journaux d’un même État, le service étant gratuit pour les abonnés de l’agence. Pour cela AP a construit un site web qui ressemble étrangement (voir ci-dessous) à un Google Reader, en clair à un gestionnaire de flux RSS.