[the] media trend

Twitter : une information de village

« What are you doing? » Depuis que Twitter existe, cette question — « Que fais-tu en ce moment?  » — est sans doute celle qui obtient le plus de réponses dans le monde.  Des réponses courtes; elles ne doivent pas dépasser 140 signes, mais fréquentes, très fréquentes… Résultat, lorsque l’on se connecte à son compte Twitter, on connaît par le menu et dans le détail l’activité, les états d’âmes de ses « amis ». 

Facebook offre un service un peu similaire, baptisé news feed (« actualités » sur Facebook français). Ce service renseigne automatiquement sur le plus minime des changements (commentaires, photos, etc.) du profil et la plus mince activité de ses « amis » sur ce réseau social.
La conscientisation ambiante est-elle utile? 
Quel est l’intérêt et quelle est la signification de cette avalanche d’informations, de ce flux de nouvelles sur des amis qui ne sont souvent que de vagues relations ou connaissances ?
Les conséquences de ce constant contact online, baptisé « conscientisation ambiante » (ambiant awarness), par des sociologues, sont minutieusement décrites par Clive Thompson dans le New York Times, sous le titre ironique Brave New World of Digital Intimacy (que l’on pourrait traduire par : « Ce monde merveilleux de l’intimité numérique »).
La question ne se pose guère de l’intérêt, car pratiquement tout ceux qui ont goûté ce type de relations ne reviennent pas en arrière, car explique Marc Davis, directeur scientifique de Yahoo!, « c’est un phénomène agrégatif (…) un peu similaire à ce qui se passe lorsque vous êtes assis avec quelqu’un et lorsque vous le regardez, il vous sourit ». 
Comment suivre l’activité quotidienne de 1000 personnes?
À « sourire » ainsi, on peut se retrouver comme Shannon Seery avec 677 amis sur Twitter, et 442 autres sur Facebook, et donc suivre quotidiennement l’activité de 1000 personnes. Comment est-ce physiquement possible ? Shannon Seery explique qu’en fait suivre ces « outils de conscientisation » (awarness tools) lui demande moins d’attention que de lire ses e-mails, car en fait ils ne lui sont pas destinés en particulier.
Pour les jeunes générations « connectées en permanence », cela revient « à vivre dans un village, explique le sociologue Zeynep Tufekci, où il est difficile de mentir car tout le monde est au courant de la vérité ». Seule solution se protéger. Déjà dans certaines soirées très arrosées de sportifs universitaires aux États-Unis, les téléphones portables sont interdits, de peur de retrouver des images sur Facebook ou Flikr. Un système de protection qui s’étend à la famille et aux « vrais » amis, pour lesquels on utilise des outils privatifs : mails, téléphone, etc.
Il n’en reste pas moins que cette « information de village » ne peut qu’intéresser la presse. Déjà des médias ont utilisé et utilisent le microblogging. Nous y reviendrons très bientôt.
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