[the] media trend

Travailler dans les nuages

Cloud computing, l’expression est récente, mais elle a envahi le langage et la réalité. Si vous stockez vos photos sur Flickr ou Picasa, envoyez vos e-mails via gmail, sauvegardez vos données sur MobileMe, vous pratiquez le cloud computing sans le savoir. The Economist a observé cet étrange nuage, et le dossier qu’il y consacre mérite la lecture. 


« L’informatique sera de plus en plus désincarnée, et sera consommée où et quand ce sera nécessaire. (…) Cela [la croissance du « nuage »] transformera profondément la manière dont les gens travaillent et les entreprises fonctionnent ». C’est une forme de révolution qu’annonce The Economist (*) du 25 novembre 2008, dans son ouverture au dossier consacré au « nuage » (accessible sur le site du journal). 
Une révolution que personne n’a vu venir mais qui est déjà en marche: 70% des jeunes Américains âgés de 18 à 29 ans, ont déjà pratiqué une activité en « nuage », pour l’essentiel l’utilisation d’une messagerie. Toutefois, l’utilisation d’un système de stockage de photos en ligne, ou de logiciels en ligne devient également courante. Mais à côté des services privés, il en est d’autres qui intéressent les entreprises, et donc la presse.
Le service rendu par Amazon Web Service est inestimable
C’est le cas de l’une des applications encore relativement méconnue du cloud computing AWS. Amazon Web Service a été mis en place en 2006 par Amazon, connu surtout du grand public pour la vente de livres à distance. Deux ans après son lancement, AWS est salué par le Financial Times comme un véritable succès. En effet, près de 400 000 développeurs utiliseraient désormais le service de base, S3 (Simple Storage Service), et les petites start up premières utilisatrices de la plateforme sont désormais rejointes par de entreprises établies comme Oracle, Sun, mais aussi le New York Times et le Washington Post
Car le service rendu par AWS est inestimable. Il permet en effet de déployer quasi instantanément une énorme puissance de calcul sans investissement préalable et à un coût d’usage très raisonnable. The Economist donne l’exemple d’Animoto, un service qui transforme les diaporamas de ses utilisateurs en vidéos. En raison de son succès, cette entreprise a du en 3 jours passer de 50 machines virtuelles à 3 500!
Le Washington Post utilise les services d’AWS pour une base de données qui comprend tous les documents accumulés par Hillary Clinton pendant les 8 années passées à la Maison Blanche aux côtés de son mari. Cette base de données de quelque 17 000 pages a été opérationnelle en 24 heures.
Amazon n’est pas la seule entreprise à proposer ce type de service. Google, Microsoft etYahoo! sont aussi entrés dans la danse.
Un moyen de faciliter les formes de travail collaboratif
Mais plus profondément le cloud computing va faciliter toutes les formes de travail collaboratif, grâce à ces outils que sont les blogs, wikis et autres réseaux sociaux (Myspace, Facebook, Ning, etc.). Une mutation importante alors que le modèle dominant fait que chacun travaille individuellement, dans son coin, la phase d’échange des travaux n’ayant lieu qu’ensuite. 
Une situation qui devrait changer, car « la première génération de ceux qui ont grandi en utilisant tous ces outils ont maintenant l’âge de travailler », note The Economist. « Habitués à la culture du partage d’information ces « digital natives » supportent difficilement les règles des entreprises traditionnelles ». Une chance pour la presse, un métier « nativement » collaboratif ?
Toutefois, il faut se garder d’un trop grand enthousiasme, car le cloud computing génère des interrogations sur :
• la fiabilité. Elle doit être absolue, car lorsque des données et des applications sont en ligne, le moindre dysfonctionnement est insupportable ;
• la liberté. Mettre des données en ligne contient un danger latent, celui d’en ouvrir l’accès à un tiers. 
* Traditionnellement, les articles ne sont pas signés dans ce journal.
Quitter la version mobile