[the] media trend

Le blues des journalistes britanniques

Outre-Manche, le malaise semble augmenter dans les rédactions. Deux facteurs expliquent cette dégradation : des salaires en chute libre et une forte augmentation du stress provoquée par la généralisation des rédactions multi-plateformes. Conséquence : la qualité de l’information se dégrade.

Tout est parti d’un mail reçu par Roy Greensdale, un journaliste du Guardian. Il le publie sur son blog. Ce mail rédigé par un journaliste du Daily Telegraph (Greensdale a garanti son anonymat) dit en substance ceci : 
• « Les journaux nationaux [britanniques] commencent à aller dans la même direction que celle suivie par les journaux locaux il y a 20 ans, exigeant [de la part des journalistes] des niveaux d’engagement — en heures et en charge de travail — qui ne sont pas compatibles avec une vie familiale normale ».
• « En retour [de cet effort], ils offrent des salaires trop faibles pour faire vivre une famille, en particulier à Londres. »
« Le journalisme cesse d’être une carrière viable pour toute personne âgée de plus de 30 ans »
Ce mail va provoquer de levée de boucliers, des journalistes défendant notamment le point de vue qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, les journalistes ayant toujours travaillé dur? Seul  bémol, les salaires (en tout cas les notes de frais) étaient relativement plus élevés auparavant.
Mais le journaliste du Daily Telegraph revient à la charge : « Les entreprises, écrit-il dans un nouveau mail à Greensdale, utilisent l’excuse de la révolution numérique pour réduire leurs coûts de personnel, au point que le journalisme cesse d’être une carrière viable pour toute personne âgée de plus de 30 ans ». Et d’ajouter que le Telegraph offre 25 000 livres (31 000 euros) par an pour un travail d’ « éditeur de contenu » (sorte de secrétaire de rédaction multimédia), qui exige de travailler un week end complet sur deux. 
« La marque et la réputation sont constamment minées de l’intérieur »
Mais l’affaire ne se réduit pas à la seule dégradation des conditions de travail des journalistes, la qualité aussi est affectée. Greensdale a remarqué, écrit-il dans un nouveau post, « qu’il y a une semaine un article sur un membre de ma propre famille, publié à l’origine sur le site du Daily Mail, est apparu le jour suivant sur le site du Daily Telegraph« . Vulgairement cela s’appelle du « copié-collé ».
Cela ne surprend pas le journaliste du Telegraph, informé de ce fait troublant par Greensdale. Il explique: « Personne ne portera la moindre attention au fait qu’un média va reprendre une information [recicurlates other people’s stuff], et c’est ainsi que la marque et la réputation sont constamment minées de l’intérieur. On peut même imaginer que dans quelques années le Telegraph ne sera plus qu’un simple agrégateur ne faisant plus de journalisme par lui-même. »
Noir pronostic. 
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