[the] media trend

La naissance de la short-video

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Elles sont trois. Elles marquent sans aucun doute une évolution majeure dans la iVidéographie, qui est à la vidéo ce qu’est l’iPhotographie à la photo. Il s’agit de ces trois applications qui viennent d’être lancées quasi simultanément : Tout, Capture de Youtube-Google et Vine par Twitter.

Toutes trois permettent l’éclosion d’un nouveau langage vidéo, et renforcent encore la place de la vidéo dans les modes de narration. Chacune a ses particularités, ses avantages et ses inconvénients, mais toutes trois partagent trois caractéristiques :

Maintenant revue de détails, en suivant l’ordre chronologique d’apparition :

1 – Tout

Tout est le service le plus ancien. Il a été lancé en avril 2012 par Michael Downing. Son idée repose sur un principe simple, qu’il explique ainsi :

Certains moments dans la vie ne peuvent être expliqué par le texte. Tout raconte la vie telle qu’elle est, en couleur et en son, et s’oppose ainsi à la vie « telle qu’elle est écrite en 140 signes ou moins » (…) Tout le monde n’a pas l’esprit ni les compétences pour s’exprimer dans des blogs ou des tweets, mais nous avons chacun un regard [« perspective« ] qui nous est propre et ces regards constitueront la base d’une nouvelle forme de conversation et de narration.

Un media va immédiatement mesurer le potentiel de ce nouvel outil de narration, le… Wall Street Journal. Il va créer un « stream », en fait un blog, baptisé pour l’occasion Worldstream et demander à chacun de ses journalistes (équipé d’un smartphone) de l’alimenter. Le WSJ triche en ce sens qu’il a travaillé avec Tout pour que ses journalistes puissent produire des vidéos de 45 secondes, et aussi que des éditeurs puissent visionner les vidéos avant publication et éventuellement modifier les légendes et les hashtags [mot-dièses]. [plus de détails ici et ].

Initialement, Michael Downing opposait le mode de narration textuel de Twitter et celui visuel de Tout. Mais en quelques mois, il a mis de l’eau dans son vin. Cela était flagrant lorsqu’il est venu à l’école de Journalisme de Sciences Po, le 10 décembre 2012, lors de la journée consacrée aux « Nouvelles pratiques du journalisme » [lire ici et ]. Il soulignait lors de son intervention que les tout pouvaient être partagée immédiatement sur Twitter [vidéo ici —à partir de 20 secondes—, qualité médiocre].

Mais question : Tout a été un pionnier, survivra-t-il aux deux autres apps, lancées par Youtube et Twitter.

2 – Capture

Capture fait partie de ces applications —gratuites— proposées par Google pour l’iPhone. Il ne faut pas s’étonner qu’elle ne soit encore disponible que pour l’iPhone, car elle participe à la stratégie dite du « Cheval de Troie » que poursuit ce groupe pour pénétrer à l’intérieur de l’iOS d’Apple. Elle a été lancée le 17 décembre 2012.

L’interface de Capture est très simple : un écran avec un gros bouton rouge qui déclenche l’enregistrement, à moins que l’on n’ait pris le soin dans ses réglages, de choisir le mode « automatique ». Dans ce cas, la prise de vue se déclenchera lorsque l’on mettra l’iPhone à l’horizontal. Une fois celle-ci réalisée, on se retrouve avec une interface très sobre, qui permet  de l’ajouter sur son compte Youtube ou de la partager sur les réseaux sociaux (il faut bien sûr les configurer avant, mais c’est simplissime). Mais avant de faire cela, il est possible d’éditer la vidéo en ajoutant un titre  et en appuyant sur l’icône « baguette magique » à gauche [sur la capture d’écran], de la stabiliser et de la couper.

L’application ouvre la voie à d’autres possibilités, notamment de travail collectif. On peut très bien imaginer plusieurs journalistes couvrant un événement et envoyant leurs « capture » sur un compte commun, ces vidéos étant rapidement éditées et montées grâce à l’outil « editor » de Youtube. On retrouve ici, l’esprit de travail participatif et collectif que permet déjà l’outil en open source Kaltura, mais avec la puissance et la facilité d’usage de Youtube.

Pour l’instant, il est encore trop tôt pour connaître le succès de cette application et son usage, qui demeure —si j’ose dire— « classique », en ce sens, que par défaut on filme à l’horizontale [en vidéo, il n’est vraiment pas recommandé de filmer à la verticale] puisque c’est le mode de déclenchement de la prise de vue, et surtout que l’on ne peut pas créer d’animation. C’est ici qu’il faut parler du coup de génie de Twitter : Vine

3 – Vine

C’est peut dire que Vine est récent, son lancement s’étant fait le jeudi 24 janvier 2013 [en fait, Vine est une start up newyorkaise, rachetée par Twitter en octobre 2012] Mais elle propose une approche différente de la « short video » [je ne sais pas trop comment appeler ce nouveau type de format : « vidéo-courte » ? ]. D’abord, parce que les vidéos qui sont réalisées sont intégrées directement dans Twitter [même si l’app est pour le moment distincte de l’application Twitter], mais aussi par deux innovations majeures :

Le résultat est surprenant. Pour l’instant, peu de monde encore est passé à Vine, mais ce que produit Jack Dorsey, l’un des fondateurs de Twitter, [@jack à suivre ici sur Twitter] illustrent les possibilités de l’outil : captures d’écran, mises en scène où des personnages se déplacent, images de la mer qui se brise sur un rocher et passe en boucle… Le HuffPo a repéré de son côté plusieurs « vine » intéressants.

Signes que « la mayonnaise prend », d’une part Facebook a désactivé la possibilité de se connecter, mais cela fait partie de la guerre que se livre les géants des réseaux sociaux, et d’autre par un site, VinePeek, vient de se créer, consacré aux Vine. 

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