[the] media trend

Attentats de Bombay: l'information mutualisée

Twitter et les réseaux sociaux, à l’occasion des attentats qui ont touché Mumbai (Bombay) en Inde, viennent de nouveau de s’affirmer comme un moyen d’information extrêmement puissant.

Melissa A. Bell raconte dans liveMint.com, le site d’un journal économique indien, que sur « twitter [pendant les événements] entre 50 et 100 messages par minute étaient chargés et taggés sur des chaînes comme « mumbai », « #mumbai » (image ci-contre), ou « oberoi » ou encore « taj mahal »
Lorsque l’on consulte ces « chaînes », la vitesse d’information est réellement incroyable. On a l’impression d’être partout dans la ville, de voir et d’entendre le moindre coup de fusil, et d’avoir en direct l’écho de ce que ce pensent les d’habitants. L’expression « réseau social », prend ici tout son sens. 
« Mumbai Terror Attacks : I condemn it »

Idem, sur Facebook. Des groupes comme « Mumbai Terror Attacks : I condemn it », ou « In memory of all those who died in the 26th-27th november MUMBAI massacre… » se sont créés et ont très rapidement compté plusieurs milliers de participants, qui ont échangé informations et commentaires. 
Sans parler des sites d’échange de photos comme Flickr, ou Youtube, sur lesquels ont été posté très rapidement les images (photos et vidéos) de ces attentats, ni des blogs qui pourraient être quasiment considérés comme des médias classiques désormais, mais eux aussi ont fait montre d’une réactivité extrême. Il suffit de consulter la couverture offerte par Metblogs (une chaîne de blogs) ou encore le site Global Voice, un site agrégateur de blogs.
Les médias classiques ont été largement repris par les nouveaux médias 
Plus largement, l’information online, a montré une nouvelle fois qu’elle pouvait offrir et diffuser beaucoup plus facilement certaines informations que les autres médias. On pouvait, par exemple, trouver la liste complète des victimes des attentats par le biais d’un document Google partagé… 
Les médias classiques ont aussi été très présents. Par exemple, les vidéos tournées par les chaînes indiennes, CNN et autres BBC news, ainsi que les informations publiées par les sites de journaux, ont été abondamment reprises (linkées ou embeddées) dans les blogs, sur twitter, etc., qui renvoyaient par des liens sur ces sites. 
Pour couronner le tout, cet attentat était déjà entré dans Wikipedia, alors même que son épilogue n’était pas survenu! 
• [Mise à jour du 28-11-2008] L’ensemble des « chaînes » twitter, une timeline Dipity, une carte etc. ont été réunis dans un Ning (vérification faite, il s’agit en fait d’une application qui s’appelle Monitter)et un blog spécial Mumbai Help, qui recense tous les renseignements utiles.
Bref, ce qui apparaît de manière très nette à l’occasion de cet événement tragique est la consolidation d’un nouvel écosystème d’information qui mêle médias « classiques » (TV, sites de médias), blogs et réseaux sociaux. Il me semble en effet, très difficile désormais de séparer arbitrairement tel ou tel canal d’information (sur un événement de ce type en tout cas), car tous se nourrissent les uns des autres.
Par exemple, explique Laurent Suply, du Figaro, sur son blog : « De nombreuses infos (la revendication, les flammes du Taj, etc…) étaient donc sur le figaro.fr avant d’arriver sur les fils d’agences. Uniquement grâce à Twitter ». Et inversement, donc, les blogs et les tweets renvoient à des informations ou des documents rassemblés par les médias classiques. L’ensemble nourrit une conversation mondialisée. 
Demeure la question de la vérification de l’information, de son éventuelle manipulation et de son contrôle. La rumeur courait le 27 novembre au soir (heure de Paris) que la police indienne voulait fermer la chaîne « #mumbai », car les terroristes auraient pu y trouver trop d’informations sur les mouvements des forces de l’ordre… Jusqu’à nouvel ordre une rumeur n’a jamais fait une information, pourtant elle était reprise sur les blogs et autres tweets.
Pour information : Alain Joannes sur son blog Journalistiques adopte une position radicalement différente sur le « journalisme citoyen ». Pour lui (il s’appuie sur le recensement effectué par Amy Graham, consultante en communication de l’université du Colorado, Boulder, à propos des attentats de Bombay, qu’elle publie sur le site du
 Poynter Institute), « les journalistes citoyens ne produisent ni information ni analyse », ils sont incapables de « donner du sens à un événement soudain comme la tragédie de Bombay »,  « les photos des blogueurs n’ont aucun intérêt », etc. 
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