La fin du Rocky Mountain News racontée par les journalistes du quotidien
Final Edition from Matthew Roberts on Vimeo.
La fin d’une histoire
Aujourd’hui donc, Denver se retrouve avec un seul quotidien, comme désormais la plupart des villes américaines. C’est un pan de l’histoire de la presse qui s’efface, celle de la compétition acharnée entre les journaux.
Le Rocky né en 1859, lors de la « ruée vers l’or », devait voir se dresser devant lui un féroce concurrent, le Denver Post dès 1895. Celui-ci joua la carte du sensationnalisme le plus cru. La salle de rédaction peinte en rouge sera rebaptisée par les habitants de Denver « le seau de sang » [The Bucket of Blood].
En 1926, le groupe Scripps-Howard, provoque une première concentration dans la presse locale. Il achète le Rocky Mountain News, quotidien du matin, le fusionne avec un de ses quotidiens, le Denver Express et achète aussi un autre quotidien du soir le Times ! Après 2 ans d’une guerre féroce, ce dernier sera « tué » laissant le champ libre, l’après-midi au Denver Post, alors quotidien du soir.
L’histoire ensuite est plus classique, si ce n’est que le Rocky se montrera particulièrement innovant: ce sera l’un des premiers quotidiens américains à passer au format tabloïd dès 1942. De son côté le Denver Post, sous l’impulsion notamment de Palmer Hoyt , qui prit en charge le journal en 1946, abandonna tout sensationnalisme, développa l’information internationale. En 1982, il devint quotidien matinal, et redevenant de facto concurrent frontal avec le Rocky Mountain News.
L’histoire de la concurrence est donc aujourd’hui terminée et seul subsiste le Denver Post, propriété de Media News. Ce groupe de presse lancé en 1983, possède actuellement 54 quotidiens aux États-Unis. Spécialisé sur le marché de l’information locale, il est dirigé par William Singleton, un personnage controversé. Il est accusé de privilégier la rentabilité (notamment en faisant travailler une seule rédaction pour plusieurs journaux) au détriment de la qualité journalistique.
Il continue pourtant d’investir et bénéficie visiblement de co-investisseurs aux poches très profondes. En 2006, lorsqu’il a racheté 4 journaux locaux de la région de San Francisco au groupe Mac Clatchy, il a emprunté environ 385 millions de dollars pour financer cette acquisition. Une partie de cette somme provenait d’un partenaire surprise: la fondation Bill et Melinda Gates, plus connue pour son action dans le domaine médical.